ACTHE a réalisé pour vous une l'interview de Lucile Girard-Monneron (LGM).
Orthophoniste libérale et vacataire à l’hôpital Beaujon, LGM est spécialisée sur la voix et sur la surdité adulte et plus particulièrement sur les implants cochléaires.
ACTHE : Comment identifie-t-on une voix masculine d’une voix féminine ?
LGM : Identifier une voix reste à ce jour difficile ; en ce qui concerne la différence de genre dans la voix on peut grâce à des logiciels d’analyse définir certains traits comme la hauteur de la voix (125 à 150 hz pour les hommes et 220 à 300 hz pour les femmes), la mélodie et les points d’articulations qui sont propres au masculin ou au féminin, mais l’oreille est le principal outil d’analyse, à fortiori dans la vie courante. C’est la combinaison des trois précédents critères qui va faire pencher la balance d’un côté ou d’un autre ; par exemple il existe des femmes avec une voix grave que l’on n’appelle jamais monsieur, donc la hauteur ne fait pas tout. Au contraire utiliser une voix haute de type voix de fausset pour un homme ne lui confère pas forcément une identité vocale féminine, car le timbre de sa voix, donné par les cavités de résonance, s’il n’est pas modifié, viendra contrarier ce sentiment de hauteur et donnera à l’auditeur l’impression d’une voix d’homme empruntée, ou « empreintée au féminin » mais non une voix féminine.
Dans l’indentification d’une voix deux situations sont à prendre en compte : Soit la personne qui parle est face à l’auditeur, soit son image physique est absente (c’est le cas du téléphone).
Si les deux interlocuteurs sont face à face, la voix sera identifiée par rapport à l’image visuelle ; si l’auditeur est sûr du genre qu’il perçoit visuellement, il faudra une grande distorsion entre image visuelle et image vocale pour qu’il ressente un doute, par contre s’il hésite sur l’image visuelle qui lui est proposée la voix deviendra un critère déterminant pour l’identification du genre. Dans le cas du téléphone la voix est le seul indice de détermination ; mais outre les critères de hauteur de mélodie et de timbre, rentrent aussi en ligne de compte la façon dont l’interlocuteur se présente, et sa conviction ; n’oublions pas non plus l’auditeur et ses capacités d’interprétation (qui n’a jamais été surpris en voyant physiquement quelqu’un après l’avoir entendu au téléphone, et avoir imaginé une toute autre personne ?)
ACTHE : Pouvez-vous nous présenter votre méthode, votre travail dans le cadre d’un parcours de transidentité ?
LGM : Il y a deux axes dans mon travail l’un technique, c'est-à-dire comment fonctionne techniquement ma voix, travail de la hauteur, de la mélodie, du timbre (comment je change mes points d’articulation) et l’autre qui est un travail de communication : Qu’est ce que je veux communiquer de mon image, qui je suis quand je parle ? Il ne s’agit pas d’imiter une voix masculine ou féminine, il faut créer sa propre voix , il faut se l’approprier c’est à ce prix qu’elle va se pérenniser et ne plus « trahir ». Il faut que l’identité vocale s’applique à toutes les situations de la vie (on n’utilise pas la même voix lorsque l’on bavarde, lorsqu’on est en colère, quand on parle à ses amis, quand on parle à son chef etc… Mais l’identité doit rester la même)
ACTHE : A qui s’adressent vos compétences ?
LGM : A toutes les personnes qui désirent travailler la voix et sur leur voix.
ACTHE : Est-ce que les hormones ont des effets sur la voix ? Si oui dans quelles mesures ?
LGM : Dans le cas des MtF malheureusement non ; une fois la mue passée la prise d’hormones ne change plus rien quant à la qualité des cordes vocales. Dans le cas contraire FtM oui la prise d’hormones aggrave la voix , mais un travail d’orthophonie peut être nécessaire parfois (timbre mélodie).
ACTHE : Que représente la voix pour une personne ?
LGM : Difficile de répondre brièvement à cette question, surtout pour moi ! Pour résumer, disons que la voix est une partie de notre identité ; elle exprime qui nous sommes, dans quel état nous sommes, ce que nous souhaitons transmettre, elle nous soutient, nous trahit parfois.
ACTHE : En combien de temps une personne trans peut espérer obtenir un changement de voix suffisant au quotidien ?
LGM : C’est extrêmement variable, de six mois à deux ou trois ans. C’est en général un travail sur le long terme tout dépend de la voix de départ et de la satisfaction de la personne, de ses motivations.
ACTHE : Dans quelles conditions proposeriez-vous l’opération du larynx ?
LGM : Dans le cas des MtF lorsque la voix est très grave, après un travail d’orthophonie qui ne donne aucun résultat satisfaisant, mais en général l’intervention sur les cordes vocales ne donne pas un résultat satisfaisant non plus.
ACTHE : Que pensez-vous de la prise en charge de la transidentité du point de vue de l’orthophonie ?
LGM : C’est, à mon avis, une prise en charge importante puisque la voix touche à l’identité de la personne. A ce sujet il faut savoir que l’orthophonie est toujours prise en charge par la sécurité sociale à condition d’avoir une ordonnance de prescription faite par un médecin. L’ALD n’est pas une condition nécessaire pour se faire rembourser ; si la personne est hors ALD l’orthophonie est remboursée à 60% par la sécurité générale, la mutuelle faisant le reste ; si l’ALD existe alors la sécurité sociale rembourse à 100%
Orthophoniste libérale et vacataire à l’hôpital Beaujon, LGM est spécialisée sur la voix et sur la surdité adulte et plus particulièrement sur les implants cochléaires.
ACTHE : Comment identifie-t-on une voix masculine d’une voix féminine ?
LGM : Identifier une voix reste à ce jour difficile ; en ce qui concerne la différence de genre dans la voix on peut grâce à des logiciels d’analyse définir certains traits comme la hauteur de la voix (125 à 150 hz pour les hommes et 220 à 300 hz pour les femmes), la mélodie et les points d’articulations qui sont propres au masculin ou au féminin, mais l’oreille est le principal outil d’analyse, à fortiori dans la vie courante. C’est la combinaison des trois précédents critères qui va faire pencher la balance d’un côté ou d’un autre ; par exemple il existe des femmes avec une voix grave que l’on n’appelle jamais monsieur, donc la hauteur ne fait pas tout. Au contraire utiliser une voix haute de type voix de fausset pour un homme ne lui confère pas forcément une identité vocale féminine, car le timbre de sa voix, donné par les cavités de résonance, s’il n’est pas modifié, viendra contrarier ce sentiment de hauteur et donnera à l’auditeur l’impression d’une voix d’homme empruntée, ou « empreintée au féminin » mais non une voix féminine.
Dans l’indentification d’une voix deux situations sont à prendre en compte : Soit la personne qui parle est face à l’auditeur, soit son image physique est absente (c’est le cas du téléphone).
Si les deux interlocuteurs sont face à face, la voix sera identifiée par rapport à l’image visuelle ; si l’auditeur est sûr du genre qu’il perçoit visuellement, il faudra une grande distorsion entre image visuelle et image vocale pour qu’il ressente un doute, par contre s’il hésite sur l’image visuelle qui lui est proposée la voix deviendra un critère déterminant pour l’identification du genre. Dans le cas du téléphone la voix est le seul indice de détermination ; mais outre les critères de hauteur de mélodie et de timbre, rentrent aussi en ligne de compte la façon dont l’interlocuteur se présente, et sa conviction ; n’oublions pas non plus l’auditeur et ses capacités d’interprétation (qui n’a jamais été surpris en voyant physiquement quelqu’un après l’avoir entendu au téléphone, et avoir imaginé une toute autre personne ?)
ACTHE : Pouvez-vous nous présenter votre méthode, votre travail dans le cadre d’un parcours de transidentité ?
LGM : Il y a deux axes dans mon travail l’un technique, c'est-à-dire comment fonctionne techniquement ma voix, travail de la hauteur, de la mélodie, du timbre (comment je change mes points d’articulation) et l’autre qui est un travail de communication : Qu’est ce que je veux communiquer de mon image, qui je suis quand je parle ? Il ne s’agit pas d’imiter une voix masculine ou féminine, il faut créer sa propre voix , il faut se l’approprier c’est à ce prix qu’elle va se pérenniser et ne plus « trahir ». Il faut que l’identité vocale s’applique à toutes les situations de la vie (on n’utilise pas la même voix lorsque l’on bavarde, lorsqu’on est en colère, quand on parle à ses amis, quand on parle à son chef etc… Mais l’identité doit rester la même)
ACTHE : A qui s’adressent vos compétences ?
LGM : A toutes les personnes qui désirent travailler la voix et sur leur voix.
ACTHE : Est-ce que les hormones ont des effets sur la voix ? Si oui dans quelles mesures ?
LGM : Dans le cas des MtF malheureusement non ; une fois la mue passée la prise d’hormones ne change plus rien quant à la qualité des cordes vocales. Dans le cas contraire FtM oui la prise d’hormones aggrave la voix , mais un travail d’orthophonie peut être nécessaire parfois (timbre mélodie).
ACTHE : Que représente la voix pour une personne ?
LGM : Difficile de répondre brièvement à cette question, surtout pour moi ! Pour résumer, disons que la voix est une partie de notre identité ; elle exprime qui nous sommes, dans quel état nous sommes, ce que nous souhaitons transmettre, elle nous soutient, nous trahit parfois.
ACTHE : En combien de temps une personne trans peut espérer obtenir un changement de voix suffisant au quotidien ?
LGM : C’est extrêmement variable, de six mois à deux ou trois ans. C’est en général un travail sur le long terme tout dépend de la voix de départ et de la satisfaction de la personne, de ses motivations.
ACTHE : Dans quelles conditions proposeriez-vous l’opération du larynx ?
LGM : Dans le cas des MtF lorsque la voix est très grave, après un travail d’orthophonie qui ne donne aucun résultat satisfaisant, mais en général l’intervention sur les cordes vocales ne donne pas un résultat satisfaisant non plus.
ACTHE : Que pensez-vous de la prise en charge de la transidentité du point de vue de l’orthophonie ?
LGM : C’est, à mon avis, une prise en charge importante puisque la voix touche à l’identité de la personne. A ce sujet il faut savoir que l’orthophonie est toujours prise en charge par la sécurité sociale à condition d’avoir une ordonnance de prescription faite par un médecin. L’ALD n’est pas une condition nécessaire pour se faire rembourser ; si la personne est hors ALD l’orthophonie est remboursée à 60% par la sécurité générale, la mutuelle faisant le reste ; si l’ALD existe alors la sécurité sociale rembourse à 100%