Tribune sur le site du Huffington Post.
« Réfléchissez Messieurs, et au nom de la justice, au nom de la liberté, abdiquez votre royauté masculine, il est temps de proclamer l’égalité » Hubertine Auclert, 1878
Nous, militant-e-s lesbiennes, gays, bisexuel-le-s et trans proclamons notre refus du sexisme, qui rabaisse les femmes et engendre des discriminations quotidiennes. Nous dénonçons fermement la minimisation systématique des agressions dont sont victimes les femmes et la banalisation des propos sexistes dans les médias.
En 2016 toutes les femmes souffrent encore du sexisme que ce soit dans les sphères familiales, amicales, publiques ou professionnelles. Le sexisme est le résultat d’une succession de mécanismes qui ont été bien étudiés1 : la focalisation, la différenciation, la péjoration, la légitimation qui aboutit à l’intériorisation des stéréotypes de genre. Le sexisme se manifeste sous plusieurs formes : le harcèlement sexuel, les violences physiques, le « sexisme hostile »2 et le « sexisme ordinaire »3 tels que l’humour et les remarques sexistes, les micro-agressions, le dénigrement, ou bien encore les injonctions souvent contradictoires, comme celles qui exigent de "mettre en avant sa féminité" mais "sans en faire trop".
Dimanche 16 octobre quelques milliers de réactionnaires ont marché pour promouvoir leur vision sexiste de la société et des familles. Cette vision basée sur les stéréotypes de genre, sous couvert de mettre en avant la « différenciation des sexes » et le tout encapsulé en couleurs layette rose et bleue, vise à perpétuer une organisation hiérarchique où les femmes, en charge des tâches d’intérieur et de l’aide aux personnes, sont maintenues sous la domination masculine avec un salaire moindre en restant écartées des lieux de décision. Rappelons que les femmes consacrent 80% de temps de plus que les hommes aux tâches domestiques – souvent au détriment de leur carrière – alors que les hommes consacrent 21% de temps de plus que les femmes aux loisirs4. Sur le plan salarial, il existe un fossé allant jusqu’à 39,5%, qui entraine par la suite également un écart moyen brut de 37% entre les femmes et les hommes pour la retraite5.
Loin de montrer l’exemple, la sphère politique reflète parfaitement ces inégalités. Malgré la loi sur la parité votée il y a plus de 15 ans, il n’y a toujours que 25,9% de députées et 26,1% de sénatrices, ce qui emmène la France à la 60ème place dans le classement mondial de 191 pays6. Pire et inconcevable, les femmes politiques sont victimes de commentaires sexistes et de caquetages intempestifs, voire même d’agressions sexuelles. Face à ces attitudes condamnables, la parole des victimes est systématiquement mise en doute tandis que leurs agresseurs bénéficient de la compréhension de leurs pairs et que leurs actes, banalisés, deviennent source de nouvelles plaisanteries graveleuses. « Attention, je vais te “Baupiner” » devient une expression en vogue. Un ministre de la république paye pour faire retirer une plainte pour violence et un ancien secrétaire d’état, toujours maire de sa commune, mis en examen pour viol, est investi par son parti pour les législatives. Trop souvent ces agresseurs échappent à la justice, créant un sentiment d’impunité qui décourage toutes les victimes. Alors que chaque année en moyenne 84 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viol, seulement 10% des victimes déposent plainte alors même que dans 90% des cas, la victime connait son agresseur7.
Nous dénonçons également, l’attitude désinvolte des auteurs d’actes et propos sexistes qui est largement encouragée par certains médias, qui leur offrent une large tribune, à eux ainsi qu’à leurs défenseurs/seuses. Prenons l’exemple de l’avocat de M. Baupin qui vient tenter de discréditer la parole des victimes en prime time, après avoir demandé la « suppression immédiate » d’un article rapportant des témoignages mettant en cause le député pour des faits de harcèlement et d’agression sexuelle8. Les propos sexistes et discriminants de la part de présentateurs/trices, chroniqueurs/euses ou commentateurs/trices ne se comptent plus, sans que jamais de sanction ne soit prise à leur encontre. Même après une agression sexuelle en direct, l’auteur, présentant de maigres excuses, est plaint et pardonné, tandis que la victime est culpabilisée9.
Nous, militant-e-s lesbiennes, gays, bisexuel-le-s et trans rappelons que la lutte contre le sexisme est l’affaire de tout-e-s et que seule une réflexion collective sur nos comportements et une vigilance quotidienne, pourra faire cesser ces pratiques. Pour que finisse le sentiment d’impunité et que la parole des victimes se libère, tant les institutions que les médias se doivent d’avoir une attitude exemplaire : tous les actes et propos doivent être fermement dénoncés et leurs auteur-e-s sanctionné-e-s. Pour cela, nous demandons instamment que soit votée une mesure visant à rendre inéligible les élu-e-s condamné-e-s pour discrimination, violences physiques, psychologiques ou sexuelles et que le délai de prescription pour harcèlement soit revu pour mieux prendre en compte la spécificité de la relation de domination entre la victime et l’auteur qui empêche souvent les victimes de porter plainte pendant plusieurs années.
Signataires :
Nathalie ALLAIN DJERRAH, Présidente de Les Enfants d'Arc-En-Ciel
Aurélien BEAUCAMP, Président d'AIDES
Cyril BEAUCHAIS, Président de Mobilisnoo
Jérôme BEAUGE, Coordinateur politiuqe de l'Inter-LGBT
Bruno BLOSSIER, Président de l'ASMF
Flora BOTLER, Co-Présidente du Centre LGBT Paris-IDF
Jean-Charles COLIN, Co-Président du Centre LGBT Paris-IDF
Philippe COLOMB, Co-responsable de la commission LGBT d'Europe-Ecologie-Les-Verts
Magali DEVAL, Co-responsable de la commission LGBT d'Europe-Ecologie-Les-Verts
Gilles DEHAIS, Président de SOS homophobie
Jean-Paul ESCOFFIER, administrateur d'ENERGAY
Aurore FOURSY, Présidente de l'Inter-LGBT
Matthieu GATIPON-BACHETTE, Président de Couleurs Gaies
Frédéric GETTON, Président de Centr'Egaux
Ariel JU, Afrique Arc-En-Ciel Paris-IDF
Olivier LELARGE, Chargé des questions des LGBTphobies pour la FSU
Thomas LINARD, Responsable de la commission LGBTI du Parti de Gauche
Marc PAULI, Président de Les Ours de Paris
Manuel PICAUD, Co-Président de Paris 2018
Pierre LUZI, Président du GLUP
Denis QUINQUETON, Président d'HES
Samuel R., Porte-Parole du Beit Haverim
Catherine TRIPON, Porte-Parole de L'Autre Cercle
Sun Hee YOON, Présidente d'ACTHE
Clémence ZAMORA-CRUZ, Porte-Parole de l'Inter-LGBT
(1) La mécanique sexiste réalisée par Marine Spaak, Centre Hubertine Auclert.
(2) Le sexisme dans le monde du travail: Entre Déni et Réalité. Conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, 6 mars 2015.
(3) Ibidem
(4) Données détaillées de l'enquête Emploi du temps 2009-2010. INSEE, 2010.
(5) Vers l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, chiffres-clés, édition 2016. Ministère des familles, de l'enfance et des droits des femmes – chiffres 2011.
(6) Guide de la parité. Des lois pour le partage à égalité des responsabilités politiques, professionnelles et sociales. Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes, 24 août 2016.
(7) Violences faites aux femmes: les principales données. La lettre de l'observatoire national des violences faites aux femmes n°8. Novembre 2015.
(8) https://blogs.mediapart.fr/edwy-plenel/blog/120516/denis-baupin-demande-mediapart-de-se-censurer
(9) https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/tpmp-comment-minimiser-une-agression-sexuelle-en-9-lecons
« Réfléchissez Messieurs, et au nom de la justice, au nom de la liberté, abdiquez votre royauté masculine, il est temps de proclamer l’égalité » Hubertine Auclert, 1878
Nous, militant-e-s lesbiennes, gays, bisexuel-le-s et trans proclamons notre refus du sexisme, qui rabaisse les femmes et engendre des discriminations quotidiennes. Nous dénonçons fermement la minimisation systématique des agressions dont sont victimes les femmes et la banalisation des propos sexistes dans les médias.
En 2016 toutes les femmes souffrent encore du sexisme que ce soit dans les sphères familiales, amicales, publiques ou professionnelles. Le sexisme est le résultat d’une succession de mécanismes qui ont été bien étudiés1 : la focalisation, la différenciation, la péjoration, la légitimation qui aboutit à l’intériorisation des stéréotypes de genre. Le sexisme se manifeste sous plusieurs formes : le harcèlement sexuel, les violences physiques, le « sexisme hostile »2 et le « sexisme ordinaire »3 tels que l’humour et les remarques sexistes, les micro-agressions, le dénigrement, ou bien encore les injonctions souvent contradictoires, comme celles qui exigent de "mettre en avant sa féminité" mais "sans en faire trop".
Dimanche 16 octobre quelques milliers de réactionnaires ont marché pour promouvoir leur vision sexiste de la société et des familles. Cette vision basée sur les stéréotypes de genre, sous couvert de mettre en avant la « différenciation des sexes » et le tout encapsulé en couleurs layette rose et bleue, vise à perpétuer une organisation hiérarchique où les femmes, en charge des tâches d’intérieur et de l’aide aux personnes, sont maintenues sous la domination masculine avec un salaire moindre en restant écartées des lieux de décision. Rappelons que les femmes consacrent 80% de temps de plus que les hommes aux tâches domestiques – souvent au détriment de leur carrière – alors que les hommes consacrent 21% de temps de plus que les femmes aux loisirs4. Sur le plan salarial, il existe un fossé allant jusqu’à 39,5%, qui entraine par la suite également un écart moyen brut de 37% entre les femmes et les hommes pour la retraite5.
Loin de montrer l’exemple, la sphère politique reflète parfaitement ces inégalités. Malgré la loi sur la parité votée il y a plus de 15 ans, il n’y a toujours que 25,9% de députées et 26,1% de sénatrices, ce qui emmène la France à la 60ème place dans le classement mondial de 191 pays6. Pire et inconcevable, les femmes politiques sont victimes de commentaires sexistes et de caquetages intempestifs, voire même d’agressions sexuelles. Face à ces attitudes condamnables, la parole des victimes est systématiquement mise en doute tandis que leurs agresseurs bénéficient de la compréhension de leurs pairs et que leurs actes, banalisés, deviennent source de nouvelles plaisanteries graveleuses. « Attention, je vais te “Baupiner” » devient une expression en vogue. Un ministre de la république paye pour faire retirer une plainte pour violence et un ancien secrétaire d’état, toujours maire de sa commune, mis en examen pour viol, est investi par son parti pour les législatives. Trop souvent ces agresseurs échappent à la justice, créant un sentiment d’impunité qui décourage toutes les victimes. Alors que chaque année en moyenne 84 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viol, seulement 10% des victimes déposent plainte alors même que dans 90% des cas, la victime connait son agresseur7.
Nous dénonçons également, l’attitude désinvolte des auteurs d’actes et propos sexistes qui est largement encouragée par certains médias, qui leur offrent une large tribune, à eux ainsi qu’à leurs défenseurs/seuses. Prenons l’exemple de l’avocat de M. Baupin qui vient tenter de discréditer la parole des victimes en prime time, après avoir demandé la « suppression immédiate » d’un article rapportant des témoignages mettant en cause le député pour des faits de harcèlement et d’agression sexuelle8. Les propos sexistes et discriminants de la part de présentateurs/trices, chroniqueurs/euses ou commentateurs/trices ne se comptent plus, sans que jamais de sanction ne soit prise à leur encontre. Même après une agression sexuelle en direct, l’auteur, présentant de maigres excuses, est plaint et pardonné, tandis que la victime est culpabilisée9.
Nous, militant-e-s lesbiennes, gays, bisexuel-le-s et trans rappelons que la lutte contre le sexisme est l’affaire de tout-e-s et que seule une réflexion collective sur nos comportements et une vigilance quotidienne, pourra faire cesser ces pratiques. Pour que finisse le sentiment d’impunité et que la parole des victimes se libère, tant les institutions que les médias se doivent d’avoir une attitude exemplaire : tous les actes et propos doivent être fermement dénoncés et leurs auteur-e-s sanctionné-e-s. Pour cela, nous demandons instamment que soit votée une mesure visant à rendre inéligible les élu-e-s condamné-e-s pour discrimination, violences physiques, psychologiques ou sexuelles et que le délai de prescription pour harcèlement soit revu pour mieux prendre en compte la spécificité de la relation de domination entre la victime et l’auteur qui empêche souvent les victimes de porter plainte pendant plusieurs années.
Signataires :
Nathalie ALLAIN DJERRAH, Présidente de Les Enfants d'Arc-En-Ciel
Aurélien BEAUCAMP, Président d'AIDES
Cyril BEAUCHAIS, Président de Mobilisnoo
Jérôme BEAUGE, Coordinateur politiuqe de l'Inter-LGBT
Bruno BLOSSIER, Président de l'ASMF
Flora BOTLER, Co-Présidente du Centre LGBT Paris-IDF
Jean-Charles COLIN, Co-Président du Centre LGBT Paris-IDF
Philippe COLOMB, Co-responsable de la commission LGBT d'Europe-Ecologie-Les-Verts
Magali DEVAL, Co-responsable de la commission LGBT d'Europe-Ecologie-Les-Verts
Gilles DEHAIS, Président de SOS homophobie
Jean-Paul ESCOFFIER, administrateur d'ENERGAY
Aurore FOURSY, Présidente de l'Inter-LGBT
Matthieu GATIPON-BACHETTE, Président de Couleurs Gaies
Frédéric GETTON, Président de Centr'Egaux
Ariel JU, Afrique Arc-En-Ciel Paris-IDF
Olivier LELARGE, Chargé des questions des LGBTphobies pour la FSU
Thomas LINARD, Responsable de la commission LGBTI du Parti de Gauche
Marc PAULI, Président de Les Ours de Paris
Manuel PICAUD, Co-Président de Paris 2018
Pierre LUZI, Président du GLUP
Denis QUINQUETON, Président d'HES
Samuel R., Porte-Parole du Beit Haverim
Catherine TRIPON, Porte-Parole de L'Autre Cercle
Sun Hee YOON, Présidente d'ACTHE
Clémence ZAMORA-CRUZ, Porte-Parole de l'Inter-LGBT
(1) La mécanique sexiste réalisée par Marine Spaak, Centre Hubertine Auclert.
(2) Le sexisme dans le monde du travail: Entre Déni et Réalité. Conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, 6 mars 2015.
(3) Ibidem
(4) Données détaillées de l'enquête Emploi du temps 2009-2010. INSEE, 2010.
(5) Vers l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, chiffres-clés, édition 2016. Ministère des familles, de l'enfance et des droits des femmes – chiffres 2011.
(6) Guide de la parité. Des lois pour le partage à égalité des responsabilités politiques, professionnelles et sociales. Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes, 24 août 2016.
(7) Violences faites aux femmes: les principales données. La lettre de l'observatoire national des violences faites aux femmes n°8. Novembre 2015.
(8) https://blogs.mediapart.fr/edwy-plenel/blog/120516/denis-baupin-demande-mediapart-de-se-censurer
(9) https://www.buzzfeed.com/davidperrotin/tpmp-comment-minimiser-une-agression-sexuelle-en-9-lecons