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[CP] Indignation et honte : quand l’état et le corps médical maltraitent les personnes trans

Communiqué de presse du 20 janvier 2012

Aujourd’hui, nous apprenons par l’intermédiaire d’Act Up1 que Floriane* a été victime d’un traumatisme dans la nuit du 9 au 10 janvier : « agression, séquestration, viol collectif en réunion, sans préservatif qui s’est conclu par des violences physiques, pertes de connaissance etc... », Floriane « a prit sur soi pour se traîner à l’hôpital » Lariboisière où elle a demandé des soins d’urgences, des tests de dépistage et des radios de la tête craignant une fracture.

Floriane, pouvant espérer un accueil rassurant et une prise en charge humaine et efficace suite à la nuit traumatisante qu’elle a subi, se voit appeler, à cause du « 1 » de son numéro de sécurité sociale, par la civilité de son état civil plutôt que par son genre réel alors qu’elle est femme depuis plus de 15 ans et malgré son intervention pour être appelée au féminin, il lui sera répondu : « pourquoi vous ne faites pas changer vos papiers d’identité ? ». Ce n’est qu’après avoir déclaré qu’elle est en train de subir un « deuxième viol » que le personnel médical s’adressera à elle au féminin.

C’est une honte ! Les médecins ont prêté le serment d’Hippocrate qui précise : « Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. ». Affaiblie, vulnérable, menacée par la nuit traumatisante qu’elle a vécu, Floriane a dû en plus se battre contre les convictions personnelles du corps médical par rapport à sa transidentité, ces derniers bafouant alors son autonomie et sa volonté.

Trop souvent, nous entendons des témoignages de personnes trans mal reçues ou humiliées en public en raison de leur transidentité par le corps médical. Ces traumatismes répétitifs et quotidiens qui semblent anodins pour autrui constituent l’instrument qui petit à petit ostracise les personnes trans, les forçant à se replier sur elles-mêmes ou à se battre continuellement pour se faire respecter.

Nous ne pouvons que nous indigner devant l’inaction de l’état qui refuse toujours d’intégrer la « transphobie » comme discrimination du défenseur des droits, qui oblige toujours les personnes trans à être stérilisées pour obtenir un changement d’état civil et qui retarde au maximum les travaux sur la réforme de la prise en charge médicale des personnes trans, réforme qui permettrait peut-être de fixer un cadre de prise en charge obligeant les institutions médicales à accueillir et à s’occuper des personnes trans avec dignité.

Avec le conséquent rapport de la HAS, celui de l’IGAS, ainsi que les résolutions du Conseil de l’Europe, du commissaire aux Droits de l’Homme et les recommandations internationales, les ministères de la justice et de la santé ont tous les atouts nécessaires pour agir en faveur de la dignité humaine.

Cette inaction n’est que l’aveu de leur maltraitance contre les personnes trans. Nous demandons que l’assemblée nationale intègre dans son agenda la proposition de loi de Michèle Delaunay, afin que celle-ci ne subisse pas le même sort que la proposition de loi de Henri Caillavet en 1981.

* prénom changé
1 : http://www.actupparis.org/spip.php?article4734